L'achat local
Au cours des 15 dernières années, l’alimentation a pris une place grandissante dans nos vies, mais ce qu’on observe au cours des dernières années, c’est cette tendance liée à l’achat local, celle-ci ayant été accélérée et solidifiée de façon importante par la crise sanitaire.
«La pandémie a mis en lumière les richesses de notre garde-manger et les failles dans notre autonomie alimentaire. L’achat local a eu un engouement vital, mais pour combien de temps? “On n’aura pas le choix [de continuer à faire des achats locaux”.
«Par ailleurs, la recherche des produits locaux semble se situer dans une mouvance motivationnelle en croissance dans la société. Cette quête d’authenticité, de “substance”, s’accroît linéairement depuis 2014 (première année où nous avons mesuré ce phénomène). La croissance n’est pas énorme, de 2014 à 2017, on passe de 19 % à 23 %, mais la linéarité de cette croissance nous apparaît tout à fait significative (et il est hautement improbable que la variabilité statistique des échantillons erre dans la même direction trois ans de suite).»
Une étude menée par ESG UQAM révèle des constats similaires qui solidifient la perception que la tendance se veut de plus en plus a se transformer vers une habitude.
«L’étude révèle aussi que 8 consommateurs sur 10 recherchent des modes de vie plus sains et choisissent bien leurs aliments pour rester en bonne santé. L’achat local, particulièrement en ce qui concerne l’épicerie, est une pratique responsable bien ancrée au Québec : l’origine des produits semble mobiliser les consommateurs alors que près des deux tiers des répondants mentionnent que le lieu de fabrication constitue un critère très important lors de l’achat de produits alimentaires. De plus, un répondant sur deux assure consacrer au moins 30 % de son budget alimentaire aux produits locaux pour des raisons de plaisir pur ou pour des raisons environnementales.»
Cette tendance locale demeura déterminante pour les prochaines années et impact définitivement toute l’industrie alimentaire, des restaurants en passant par les épiceries.
«Toujours selon l’étude menée conjointement par Braque et Nielsen sur l’alimentation responsable, les résultats récoltés révèlent que la provenance locale des aliments est l’attribut vert le plus considéré lors de l’achat par les consommateurs québécois. Nous sommes persuadés que cet engouement pour les produits locaux continuera d’augmenter en 2020, puisqu’il s’agit d’une solution facile, simple et savoureuse de manger de façon un peu plus responsable. Les fabricants devraient donc tenter de s’approvisionner le plus possible en produits locaux et les épiceries devraient offrir une belle variété de produits du Québec bien identifiés, et ce, durant toute l’année.»
On voit même apparaître sur des documents d’analyse du MAPAQ consacrés à la consommation alimentaire au Québec, des épiceries comme LOCO et Les Récoltes, deux modèles montréalais qui proposent des produits locaux et aussi leurs versions de prêt à manger. On peut présumer que par leur présence dans ce type de document il est important d’inclure cette tendance qui s’inscrit de plus en plus dans certains modèles d’affaires en alimentation.
Un des signes de la force de cette tendance, serait l’apparition des marchés publics et leur succès important, Rivière-du-Loup en est un exemple important avec 3 600 abonnés à leur page Facebook c’est plus de 10 % de la population de la MRC qui suit cette page. À noter que le 22 décembre dernier, on dénombrait 1076 personnes ayant bravé le froid pour participer à l’édition de Noël du marché, soit 3 % de toute la MRC de Rivière-du-Loup.
Le Bas St-Laurent se démarque clairement sur le plan provincial à ce qui a trait à ses marchés publics.
«Il est intéressant de constater que la concentration la plus importante de marchés publics est dans la région du Bas-Saint-Laurent où il y a 25 136 habitants pour un marché.»
L’achat local est là pour rester, il est maintenant inscrit dans les habitudes de la population en général et non plus une niche de consommateurs avertis.
«L’achat local, particulièrement en ce qui concerne l’épicerie, est une pratique responsable bien ancrée au Québec : l’origine des produits semble mobiliser les consommateurs alors que près des deux tiers des répondants mentionnent que le lieu de fabrication constitue un critère très important lors de l’achat de produits alimentaires. De plus, un répondant sur deux assure consacrer au moins 30 % de son budget alimentaire aux produits locaux pour des raisons de plaisir pur ou pour des raisons environnementales.»
L’achat local transcende les classes, il s’inscrit dans un mode de vie, dans une manière d’exprimer ses valeurs. L’achat local est passé au statut d’acte identitaire.
«Si les caractéristiques socio-économiques et sociodémographiques n’expliquent en rien l’intérêt des aficionados pour les produits locaux, leurs valeurs et cordes sensibles sont la clé pour comprendre leurs motivations! Les produits locaux exercent une fonction symbolique formidable pour eux. Ils sont l’incarnation du “sens” qu’ils recherchent dans la vie, dans la société qui les entoure.»
Au final, on ne n’y échappera pas, le Québec se tourne présentement vers lui-même pour se nourrir comme la France l’a fait il y a plus de 20 ans. Aujourd’hui, en France, les épiceries aussi appelées marché de producteurs sont à tous les coins de rue.
Le Bas St-Laurent profite de consommateurs de plus en plus passionnés par ce qui se fait ici, le succès des marchés publics sur le territoire en est un fort témoignage. Présentement, outre ces marchés, l’aventure de l’alimentation locale s’adresse aux plus débrouillards. La possibilité de pouvoir offrir une offre variée aux consommateurs à une même adresse demeure une opportunité à saisir.
Citations
1 https://www.ledevoir.com/vivre/alimentation/592906/alimentation-quelles-tendances-nous-reserve-2021
3 https://novae.ca/milleniaux-nouveaux-champions-de-consommation-responsable/
4 https://braque.ca/tendances-alimentation/
5 https://www.facebook.com/marchepubliclafontaine
6 https://ampq.ca/wp-content/uploads/2020/05 ampq_etude_caracterisation_marches_publics_2014.pdf
7 https://ocresponsable.com/wp-content/uploads/2016/11/BCR_2016.pdf